J'avais 13 ans et je me souviens d'avoir entendu mes voisins parler de cette
tragédie avec beaucoup d'émotion car des Blésois étaient présents au Mans
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L'accident se produisit le 11 juin 1955 à un peu plus de 2 heures après le départ, à 18h28. La responsabilité des pilotes qui se livraient à un duel acharné (Mike Hawthorn et Juan Manuel Fangio en l'occurence) ne fut pas retenue, tout comme fut laissé à Mercedes le bénéfice du doute quant au carburant utilisé lors de l'épreuve.
Castellotti (pilote officiel Ferrari) sur la nouvelle Ferrari 121 LM d'usine n°4 (châssis 0532 LM spider Scaglietti, faisant équipe avec Paolo Marzotto) renonce peu à peu à suivre le rythme infernal des hommes de tête. Hawthorn , alors leader de la course,
est renseigné par son stand que Fangio est à ses trousses.
Fangio malgré un départ raté au volant de la Mercedes 300 SLR, modèle issu de la formule 1, est le plus rapide en piste. 200m séparent les 2 hommes avec entre la Jaguar D n°6 de tête, pilotée par Hawthorn, et la Mercedes n°19 de Fangio, le français Pierre Levegh au volant d'une autre Mercedes usine, la n°20, qui s'apprête à concéder un tour aux leaders. Levegh fut appelé au dernier moment par Alfred Neubauer pour renforcer l'équipe des flêches d'argent, mais manifestement, cela va trop vite, même
si il était à ce moment là de la course, 6ème au classement.
Doublé par Hawthorn juste avant Maison Blanche, Levegh est donc juste dans le sillage de l'anglais quand celui-ci arrive dans la zone des stands. C'est là qu'intervient l'affreuse fatalité diront les uns, la "faute" du pilote trop fougeux diront les autres.
De la gauche de la piste, Hawthorn va brusquement couper la trajectoire de l'Austin-Healey n°26 pilotée par Lance Macklin, pour se ruer dans son stand tous freins bloqués.
Le coup de volant à gauche donné par Macklin, surpris par la manoeuvre d'Hawthorn, a pour effet immédiat de "fermer la porte" à Levegh. La Mercedes n°20 tape l'arrière de l'Austin décolle quelque peu puis se bloque dans les fascines tandis que le train avant et moteur sont projetés dans le public, y semant la mort.
Fangio, par miracle, se faufile parmi les débris, laissant au passage un optique de phare. Il reconnaîtra que Levegh lui avait fait tempérer son ardeur quelques instants auparavant pour lui faire signe de patienter avant de le doubler.
Au stand, décomposé par les conséquences de son "empressement", Mike Hawthorn a du mal à reprendre la volant. On dit même qu'après ce drame, il ne sera plus tout à fait le même. Quant à Mercedes, son retrait officiel intervient à 2 heures du matin, alors que Fangio et Stirling Moss comptaient 2 tours d'avance sur l'équipage Hawthorn-Bueb. Les Mercedes n°19 et 21 restantes prendront directement la route pour Stuttgart échappant ainsi à toute inspection officielle.
Jusqu'à aujourd'hui, l'accident des 24 Heures du Mans 1955 reste l'un des plus tragiques accident du sport automobile.
La Mercedes de Pierre Levegh (France), a percuté l'arrière de l'Austin Healey de Lance Macklin (GB), puis monta sur le talus et explosa, son moteur s'envola dans la foule rassemblée devant les stands en bord de piste. Pierre Levegh mourut sur le coup ainsi que 81 spectateurs.
L'équipe entière Mercedes se retira avec Stirling Moss et Juan Manuel Fangio.
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J'ai souvent assisté à cette course avec Robert, mon mari,
et chaque fois j'ai pensé à ce jour.